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La France en déclin ?


Laurent

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en ce 14 juillet, il y avait 2 articles sur la France dans le Devoir :

source :

http://www.ledevoir.com/2005/07/14/86100.html

Le Devoir

LES ACTUALITÉS, jeudi 14 juillet 2005, p. a2

Perspectives

La France en déclin?

En ce 14 juillet, les Français ont le drapeau en berne. La plupart des observateurs diagnostiquent un pays en panne.

Rioux, Christian

Par un hasard comme seule l'histoire sait en fabriquer, cette année est le 200e anniversaire de la célèbre bataille de Trafalgar. Le 21 octobre 1805, les armées de Napoléon subissaient en effet une terrible défaite qui allait consacrer la suprématie britannique sur les mers pendant plus d'un siècle. En fait, jusqu'à ce que la jeune puissance américaine prenne le relais.

Toutes proportions gardées, en ce 14 juillet, le moral des Français n'est probablement guère meilleur qu'au soir du 21 octobre 1805. Les guerres d'aujourd'hui ne se mènent plus sur les mers. Alors que le président Jacques Chirac s'adressera aujourd'hui à la nation, les Français s'interrogent sur la série de déboires qu'ils ont connus depuis un an.

Le dernier en date, l'échec de Paris aux mains de Londres dans la course aux Jeux olympiques de 2012, illustre l'ampleur du malaise. Au lieu de prendre fin avec le fair-play habituel, l'affaire a dégénéré en une série de déclarations amères qui, loin de redorer le blason français, montrent que cette défaite vient aggraver un climat déjà passablement délétère. Comme si le pays comptait sur les Jeux olympiques «pour répondre à sa crise de langueur identitaire, se remettre à croire en son destin et se persuader de sa place dans le monde», écrivait le journal Libération.

En effet, rien de tout cela ne va se soi aujourd'hui en France. Depuis un certain temps déjà, le pays est l'enfant malade de l'Europe. Plombé par un chômage chronique à plus de 10 %, un déficit budgétaire qui a fait voler en éclats les critères de Maastricht, une communauté immigrante où couve la colère et un président discrédité dont la popularité est au plus bas, le pays semble recroquevillé dans son coin en attendant que passe le mauvais vent de la mondialisation. Le premier ministre Dominique de Villepin a beau continuer à faire des discours emphatiques vantant la grandeur du pays et son rôle dans le monde, plusieurs n'hésitent pas à parler carrément de déclin.

Que vaut un modèle social qui crée quatre millions de chômeurs?, clame le chef de l'UMP, Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle de 2007. Même un vieux gaulliste modéré comme Jean-François Deniau, négociateur français du traité de Rome en 1957 et membre de l'Académie française, explique au Figaro que le «modèle social français, que personne en Europe ne considère comme modèle, a perdu. C'est une administration proliférante et trop sûre d'elle, un refus de réforme viscéral, un corporatisme et une peur de l'autre à la limite du racisme».

Un rapport confidentiel divulgué la semaine dernière par le journal Le Monde révèle que la situation économique est beaucoup plus grave que ne le reconnaît le gouvernement. Les économistes annoncent une croissance d'à peine 1,5 % en 2005 et un déficit budgétaire de 3,5 % qui ne devrait pas bouger en 2006. Le seul déficit de la sécurité sociale atteint près de 17,5 milliards de dollars, celui des pensions, 2,7 milliards, et celui des prestations agricoles, 2,2 milliards. «Pour la première fois, en 2006, l'impôt sur le revenu payé par l'ensemble des ménages français ne servira pratiquement qu'à rembourser les intérêts de la dette publique au lieu de servir à préparer l'avenir et à renforcer le service public», a avoué le ministre de l'Économie, Thierry Breton. Même le secteur de l'exportation, traditionnellement le point fort de l'économie française, est touché: depuis 2000, la France a perdu 0,5 point de parts du marché mondial, soit 10 % de ses positions, qui ont reculé de 5,3 % en 2000 à 4,8 % en 2004, selon l'OCDE.

Mais ces chiffres sont trompeurs. Plus concrètement, il faut savoir que si un chômeur canadien reste en moyenne quatre mois sans travail, en France, il passe seize mois et demi sans travailler. Un jeune Français sur quatre n'arrive pas à entrer sur le marché du travail alors que deux personnes âgées de plus de 55 ans sur trois en sont déjà sorties.

Autrefois qualifié par l'économiste Jacques Lesourne de «modèle soviétique réussi», le modèle français ne fait plus l'unanimité. L'éditorialiste du Point Claude Imbert n'y voit qu'un «faux modèle qui n'est, en vérité, que la résignation théorisée de l'"exception française": un agglomérat d'"avantages acquis" par un État-providence glouton qui dévore 55 % de la richesse nationale; une protection exorbitante des salariés du service public au détriment de l'emploi; une croissance faible et des déficits records qui, sans la protection de l'euro, nous eussent valu deux ou trois dévaluations... »

Dès la fin de 2004, le sociologue Gérard Mermet décrivait une France «qui a décroché du peloton européen» et que «sa myopie empêche de voir ce qui se passe hors de ses frontières». S'il hésite à parler de déclin, le mot ne fait pas peur à Alain-Gérard Slama. Le chroniqueur du Figaro parle du «déclin mou et du naufrage tranquille dans lequel nous risquons de sombrer si nous continuons dans cette voie».

Même constat pour le politologue Alain Duhamel. «Inutile de brandir le modèle social français comme s'il s'agissait d'un chef-d'oeuvre impérissable, il est devenu un sabre de bois», écrit-il. Le modèle social français était peut-être lourd et impérieux, mais il permettait une certaine ascension sociale. Cette période-là est révolue, dit Duhamel. «Le modèle social français conserve ses handicaps mais a perdu ses avantages.»

On ne se surprendra donc pas de voir la France peser de moins en moins dans les affaires du monde. Même si l'épisode irakien a pu tromper la galerie, il faut constater qu'elle n'a été pour presque rien en Ukraine et au Moyen-Orient et que, même au Liban, elle est aujourd'hui à la remorque des États-Unis. Mais au moins se consolait-on en sachant assuré son rôle de leader européen. Le non au référendum sur le projet de traité constitutionnel européen a cassé net ces prétentions. Aujourd'hui, la France se voit forcée de céder le leadership européen à un Tony Blair triomphant. Les nouveaux membres venus de l'Est ne sont guère disposés à accepter le rôle de leader naturel qu'elle s'était toujours donné auprès de ses voisins d'Europe occidentale.

La crise du modèle français n'est pas sans rappeler celle du modèle allemand, lui aussi touché par le chômage. À la différence près que la crise allemande peut invoquer comme excuse l'intégration de l'ancienne RDA. Sans compter que le système politique allemand offre des voies de sortie qui n'existent pas en France.

L'impopularité des réformes radicales amorcées par Gerhard Schröder a immédiatement mené au déclenchement d'élections précipitées à l'automne. En France, le gouvernement de Jacques Chirac a beau battre des records d'impopularité et avoir été successivement désavoué aux élections municipales, au scrutin européen et au référendum sur la Constitution, la population n'a qu'à prendre son mal en patience et à attendre l'élection présidentielle... dans deux ans.

Dans un article retentissant, le chroniqueur de l'International Herald Tribune (publié à Paris), John Vinocur, n'hésite pas à dénoncer «une caste dirigeante tellement tournée vers elle-même, tellement hors jeu, tellement effrayée à l'idée de changer sa façon de faire, qu'elle est proche de l'autisme».

Le blocage politique actuel fait même craindre à certains un nouveau Mai 68 ou une dérive populiste. Il n'est pas à exclure que l'éventuelle élection en 1997 d'un Nicolas Sarkozy précipite le pays dans un scénario radical comme en a connu la Grande-Bretagne lors de l'élection de Margaret Thatcher.

«À en juger par un certain nombre d'indicateurs, écrit le sociologue Gérard Mermet, on pourrait dire que la France est dans une situation prérévolutionnaire: un mécontentement général, un retard qui s'accroît par rapport aux autres pays développés, une absence de projet collectif, une relation difficile avec les élites susceptible de provoquer un mouvement social brutal... » Le sociologue ne prédit pas d'explosion sociale, mais il estime qu'elle n'est pas improbable.

D'ici l'élection présidentielle, les Français n'auront guère d'autre moyen que la rue pour manifester leur malaise. Histoire de limiter les débats, le premier ministre Dominique de Villepin vient de décider de gouverner par décrets en passant par-dessus l'Assemblée nationale. Les paris sont ouverts sur l'état du pays dans deux ans.

Correspondant du Devoir à Paris

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  • Habitués
C'est ce qu'on appelle un marronnier : le thème du déclin, ça revient périodiquement, toutes les x années, ça doit faire trois ou quatre fois que je le vois passer... en général, c'est publié par des journaux de gauche sous un gouvernement de droite, hihi!
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C'est tout de même un article très inquiétant, il y a pas mal de sources citées, je ne me souviens pas avoir quitté la france dans un état pareil. Qu'avez-vous fait pendant mon absence ??? wink.gif

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  • Habitués
tu vas te faire des ennemis biggrin.gif

Euhhhhhh c,est quoi le rapport avec le Québec??? ok je sorts

ouais c'est vrai ca.... pis même pas dans le lounge tongue.giftongue.giftongue.gif ....

Lizzie qui va se faire retirer sa carte de membre

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  • Habitués
Euhhhhhh c,est quoi le rapport avec le Québec??? ok je sorts

Je me posais la même question au nombre de fois où j'ai lu ce rappel sur le forum biggrin.gif

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  • Habitués

La France en déclin est le pendant de l'émergence du Québec (qui quitte les PMA donc), article cité aussi en référence et qui met en relief le choix de venir au Québec donc ce sujet a tout à fait sa place sur le forum smile.gif

tongue.gif

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Euhhhhhh c,est quoi le rapport avec le Québec??? ok je sorts

C'est un article écrit par un journaliste Québécois Christian Rioux, correspondant du Devoir à Paris, qui nous offre une analyse fort intéressante d'un point de vue Québécois. Ai-je répondu à cette question ?

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  • Habitués

Bonjour,

Il y a surement une part de vérité dans cet article.

Mais oui, quel est le rapport avec le Québec ?

La présence de cet article sur le forum me fait penser aux émissions de TV raccoleuses et provocatrices pour faire de l'audimat. La fréquentation d'Immigrer.com est-elle si en baisse ?

Patrick

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  • Habitués

C'est parfait, je ne ferme donc pas le sujet tongue.gif

Tu aurais du le préciser dans ton premier message, enfin je dis ça mais je dis rien

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La présence de cet article sur le forum me fait penser aux émissions de TV raccoleuses et provocatrices pour faire de l'audimat. La fréquentation d'Immigrer.com est-elle si en baisse ?

Patrick

Il semble donc que nous ayons mis le doigt sur un bobo wow1.gif

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Salut, Laurent merci pour l'article de presse mais je ne suis pas d'accord avec le journaliste Christian Rioux il disait" le dernier en date, l'echec de Paris aux mains de Londres dans la course aux jeux olympiques de 2012"

Pour moi ce n'est pas un echec au contraire et qu'est ce qui prouve que Londres na pas fait des pressions pour qu'elle gagne l'organisation des jeux olympiques.?

Une question à toi Laurent d'après ton profil tu as 75 ans mais d'après ta photo tu as 35 ans?

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Une question à toi Laurent d'après ton profil tu as 75 ans mais d'après ta photo tu as 35 ans?

Oui mais sans le casque et les lunettes je fait vraiment mon âge glups.gif

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Pour moi ce n'est pas un echec au contraire  et qu'est ce qui prouve que Londres na pas fait des pressions pour qu'elle gagne l'organisation des jeux olympiques.?

Oui et qu'est ce qui prouve que ce n'est pas Chirac qui a mis des bombes à Londres le lendemain pour se vanger kloobik.gif

Un peu de sérieux SVP.

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  • Habitués

Le gars il est correspond à Paris pour un journal québécois... c'est humain qu'il veuille sauver son boulot en flattant l'ego des lecteurs du Devoir... d'ailleurs c'est si bien le Québec que ce pôv ch'tit correspondant il préfère rester à Paris biggrin.gif

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  • Habitués
niveau boulot, pouvoir d'argent, et logement,oui la france va mal....

aille aille tu vas te faire taper dessus....la phrase magique c'est oui la France va bien :biggrin:

Oui mais sans le casque et les lunettes je fait vraiment mon âge

je me disais bien que j'avais vu quelques cheveux gris pointer leur bout du nez sur le haut de ton crane :sleep:

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